En un an, les taux de crédits immobiliers ont doublé, approchant dangereusement le taux d’usure. Par conséquent, beaucoup de Français n’ont pas obtenu leur crédit immobilier, voyant leur rêve de devenir propriétaire s’éloigner. Pourtant le volume de ventes n’est pas loin du record de 2021 avec environ 1,2 million de transactions enregistrées. Alors quelle va être la tendance en 2023 ? On fait le point.
2022 : l’année de l’effet ciseau
L’augmentation rapide des taux d’intérêt s’est heurtée au taux d’usure fixé trimestriellement par la Banque de France dévoilant ainsi sa méthode de calcul obsolète. Facteur de blocage, les banques ont refusé d’octroyer des crédits malgré la solvabilité des ménages. Alors même que les taux d’emprunt restaient favorables à l’acquisition immobilière.
Cette situation a provoqué l’effet ciseau tant redouté, privant de fait la moitié des emprunteurs à accéder à la propriété.
Par conséquent, la production des crédits immobiliers s’en ressent. En effet, selon l’Observatoire Crédit Logement / CSA, elle a chuté de 36% entre septembre et novembre 2022.
À cette problématique, s’ajoute la nouvelle politique monétaire mise en place par la BCE (banque centrale européenne), réduisant les marges des banques, les poussant à augmenter leur taux de crédit. Résultat ? Le TAEG (taux annuel effectif global) qui comprend tous les frais liés à un crédit immobilier approche une nouvelle fois le taux d’usure, et ce malgré son augmentation à 3.05% au dernier trimestre 2022. Aussi les banques ont fermé le robinet du crédit immobilier en décembre 2022.
Crédit immobilier : quel impact sur le marché immobilier ?
Le 1er janvier 2023, les nouveaux plafonds des taux d’usure sont sortis et à savoir :
- 3.53 % pour des crédits immobiliers de moins de 20 ans
- 3.57 % pour des crédits immobiliers sur 20 ans ou plus
Cependant, malgré cette hausse qui pourrait donner un peu de répit aux consommateurs, les taux d’intérêt poursuivent leur progression et risquent bien d’atteindre les 3% durant le 1er trimestre 2023.
Cette augmentation contribue à la baisse de la capacité d’emprunt et devrait obliger les acheteurs à compenser par de l’apport ou à négocier le prix d’achat. Ainsi, il a déjà été constaté un ralentissement des prix de l’immobilier durant le dernier trimestre 2022.
Mais plus que les prix c’est le volume de transaction qui pourrait être la principale victime de la hausse des taux et de l’inflation en 2023. En effet, les vendeurs risquent de mettre du temps à accepter de baisser leur prix, rallongeant les délais de vente. De plus, il est possible que les acheteurs remettent à plus tard les achats dits de conforts en attendant une période plus propice. En résumé, la flambée des taux pourrait donc avoir un effet sur la demande qui risque bien de diminuer en 2023.
Afin de débloquer la situation, les courtiers ont demandé à la Banque de France de modifier le calcul du taux d’usure ou de le réévaluer mensuellement. Ce rapport de force pourrait alors tourner en faveur des acheteurs. En effet, si le taux d’usure augmente suffisamment pour laisser une marge de manœuvre aux banques, 2023 devrait être moins compliquée pour obtenir un crédit immobilier.