Il n’y a pas si longtemps, on pouvait encore emprunter à moins de 1 % d’intérêts sur 20 ans. Mais récemment, les taux des crédits sont tous repassés au-dessus de la barre symbolique des 1 %. Doit-on s’en alarmer ?
Voici revenu le temps des 1,20 %, 1,41 % et même 1,83 % : les taux d’intérêt repartent à la hausse après des mois à « stagner » sous la barre des 1 %. Depuis le début de l’année, les taux d’intérêt des crédits immobiliers ont ainsi augmenté : entre +0,4 % et +0,7 %, selon les banques.
Le tout sur fond d’inflation galopante : elle devrait atteindre 5,4 % en juin. On constate aussi un essoufflement du marché de l’immobilier, en particulier dans le neuf.
Garde-fous providentiels
Bref, les indicateurs seraient-ils passés à l’orange ? Pas vraiment, car, heureusement, en France, les emprunteurs bénéficient toujours de la politique de taux fixe sur les crédits immobiliers – le taux de crédit reste identique pendant toute la durée du prêt immobilier –, ce qui les met à l’abri d’ajustements brutaux, comme cela arrive aux États-Unis.
En effet, outre-Atlantique, le taux des crédits immobiliers dépasse allègrement les 5 %. Autre avantage : la hausse est « capée » – lors de la signature du contrat de crédit, une limite est mise en place – par le taux d’usure (2,4 % actuellement, y compris le coût de l’assurance), au moins jusqu’à octobre prochain.
Une année difficile
Néanmoins, ces garde-fous restent momentanés, et une augmentation plus importante des taux est pronostiquée par les spécialistes pour le début de l’année prochaine, lorsque le taux d’usure sera révisé à la hausse. En attendant, les prix de l’immobilier résistent, à l’exception de Paris, comme toujours.
D’aucuns se montrent donc pessimistes : inflation et hausse des taux d’intérêt des crédits sont intimement liées. Car, pour prêter de l’argent, les établissements bancaires se refinancent le plus souvent auprès de leurs homologues ; on parle alors de marché interbancaire. En période d’inflation, comme l’argent perd de sa valeur, les taux d’intérêt augmentent. Les spécialistes tablent donc sur une inflation et des taux d’intérêt en hausse, d’autant que la Banque centrale européenne, par la voix de Christine Lagarde, sa présidente, a annoncé un relèvement de ses taux d’intérêt directeurs au mois de juillet, justement pour lutter contre l’inflation.
Résultat : le coût de refinancement des banques s’accroît et elles vont inévitablement répercuter cette hausse sur les crédits. Néanmoins, les plus optimistes des prévisionnistes prévoient que la BCE ne prendra pas le risque de freiner la reprise économique avec des taux directeurs trop élevés. On devrait donc les voir baisser à moyen terme ; certains parlent de fin 2023…
Se dépêcher ou attendre ?
Les professionnels de l’immobilier conseillent donc de ne pas attendre pour investir dans la pierre, histoire d’anticiper les hausses (crédits, mètres carrés…). En tout cas, les dossiers les plus « problématiques » doivent se dépêcher ; en ce moment, ils se voient proposer des taux entre 1,40 % et 1,55 % sur 15 ans, et de 1,55 % à 1,70 % sur 20 ans ; et cela pourrait grimper un peu. De leur côté, les « bons dossiers » – hauts revenus, faible taux d’endettement, emploi stable – peut espérer obtenir entre 1,05 % et 1,25 % sur 15 ans, et sur 1,15 % et 1,30 % sur 20 ans, selon les établissements bancaires. Quoi qu’il advienne, les taux d’intérêt restent bas en France. Ils sont restés au niveau de la fin 2019, en 2014, ils ne descendaient pas au-dessous de 3 % en 2014 et même 6 % en 2001.
Bon à savoir
Quels sont les différents types de taux
Il en existe des fixes, des variables, des mixtes. L’univers des taux d’intérêt se révèle plein de surprises.
- Le taux fixe. Il est décidé à la signature du contrat de prêt et reste le même pendant toute la durée de l’emprunt (sauf en cas de renégociation ou de remboursement par anticipation). On connaît à l’avance ses mensualités de remboursement et le coût total du crédit.
- Le taux variable. Il est révisé périodiquement en fonction de l’évolution du niveau des taux sur le marché. Au départ, on signe donc un taux de prêt immobilier plus faible que pour un prêt à taux fixe, mais on s’expose aux variations du marché, à la hausse comme à la baisse. Pour que les mensualités n’excèdent pas les capacités de remboursement, les établissements prêteurs proposent des prêts à taux variable capé : les mensualités ne pourront dépasser un certain montant établi à l’avance.
- Le taux mixte. C’est la combinaison des taux fixe et variable. On commence par un taux fixe avant d’adopter un taux variable.